• L'énigme des enfants verts

     

    Un après-midi du mois d'août 1887, deux enfants sortirent d'une grotte située aux alentours du village de Banjos en Espagne. Ils marchaient en se tenant par la main et traversèrent un champ où des paysans étaient en train de moissonner.Ils avaient l'air craintif et ils parlaient un langage incompréhensible. Leurs vêtements étaient faits d'un tissu inconnu et leur peau était complètement verte.

    Les moissonneurs étaient en train de se reposer après leur repas, quand le petit couple apparut à l'entrée de la grotte. N'en croyant pas leurs yeux, les paysans se précipitèrent vers les enfants qui, épouvantés, se mirent à courir pour leur échapper. Après les avoir attrapés, ils les conduisirent chez Mr Ricardo Da Calno, un magistrat qui était le plus gros propriétaire du pays (ou le juge de paix, selon une autre version). Mr Da Calno prit la main de la petite fille, la frotta énergiquement, mais la couleur verte ne disparut pas. 

    Les enfants refusèrent de manger ce qu'on leur proposait mais ils touchèrent avec leurs doigts le pain et les fruits en paraissant très intrigués.
    Le magistrat remarqua que les traits de leur visage étaient réguliers et assez semblables à ceux des peuplades nègres. Leurs yeux étaient taillés en amande et très enfoncés dans les orbites.
    Les enfants demeurèrent six jours chez Mr Da Calno, mais ils ne mangèrent rien et s'affaiblirent. On ne trouvait pas d'aliment qui leur convînt. Un jour, on leur apporta des haricots et ils se jetèrent dessus avidement. Ils ne touchèrent jamais à autre chose comme nourriture.

    Ce jeûne avait tellement affaibli le garçon qu'il mourut un mois après sa sortie de la grotte. La fille elle, grandit normalement et devint domestique chez Mr Da Calno. Sa couleur verte diminua d'intensité et plus personne ne fit attention à elle. Elle finit par apprendre quelques mots d'espagnol et elle put donner de vagues explications sur elle-même : Le mystère n'en fut pas éclairci pour autant.

    Elle déclara quelle venait d'un endroit où il n'avait pas de soleil et où il ne faisait ni jour ni nuit donc où il y avait on suppose, un crépuscule permanent. Elle dit: "Il y a un pays éclairé pas loin de nous mais nous sommes séparés de lui par un fleuve très large." Lorsqu'on lui demanda comment elle était arrivée ici, elle répondit: "Il y a eu un grand bruit. Nous avons été pris dans un tourbillon et nous nous sommes trouvés dans la grotte près du  champ de blé."

    Elle vécut pendant cinq ans et mourut en 1892. Elle fut enterrée à côté de son frère.
    On peut douter de l'authenticité de cette affaire car Javier Sierra du magazine "Mâs Allâ" a fait une enquête sur l'affaire. Il en ressort que le village de Banjos n'a jamais existé en Espagne et que le seul endroit portant un nom plus ou moins similaire est Banyoles, où l'histoire n'est pas connue.

    En fait on s'est appercu que cette histoire d'enfants verts en Espagne au XIXe siècle n’est qu’un plagiat d’une histoire anglaise du XIIe siècle : Celle des enfants verts de Woolpit (ville du Suffolk, qui se trouve près de Bury Saint Edmonds) vers 1173.

    Cette histoire est racontée dans le texte de William de Newburgh ( 1136-1198 ou 1201 ), dans «Historia Rerum Anglicarum » ( republié en 1618 ) :

    "Je me dois ici de n'omettre une merveille, un prodige dont on n'a entendu parler depuis l'aube des temps, qui est connu pour s'être passé sous le Roi Stephen (1135 à 1154). J'ai moi-même longtemps hésité à lui accorder crédit, bien qu'il ait été ébruité à l'étranger par beaucoup de gens, et je pensais qu'il était ridicule d'accepter une chose qui n'avait aucune raison d'être recommandée, ou au mieux avait des raisons d'être très obscure, jusqu'à ce que je fus tant submergé par le poids de tant de témoins crédibles que je fus obligé de croire et d'admirer ce que mon esprit tâche vainement d'atteindre ou de suivre.

    Il y a un village en Angleterre à quelques 4 ou 5 miles du noble monastère du Roi Béni et du Martyre Edmund, près duquel pourraient être vues certaines tranchées d'antiquité immemoriable nommées Wolfpittes dans la langue anglaise, et qui ont donné leur nom à la ville adjacente. Lors d'une moisson, alors que les moissonneurs se rassemblaient dans le maïs, rampèrent hors de ces deux tranchées un garçon et une fille La fille âgée de 10 ans environ, le garçon plus jeune, verts en tous points de leur corps, et dotés de vêtements Semblables à des robes, selon Rodney Davies dans Supernatural Disappearances, de teinte étrange et de texture inconnue. 

    Ceux-ci errèrent éperdument aux alentours du champ, jusqu'à ce que les moissonneurs les prennent et les emmènent au village, où nombre affluèrent pour voir cette merveille, ils furent gardés pendant des jours sans nourriture. Mais, lorsqu'ils furent presque morts de faim, et ne pouvaient toujours pas goûter aucune espèce qui leur étaient offerte pour les soutenir, il arriva que des haricots furent apportées du champ, qu'ils saisirent immédiatement avec avidité, et examinèrent la tige, mais ne trouvant rien dans le creux de la tige, ils pleurèrent amèrement. Sur ce, un des spectateurs, prenant les fèves dans les cosses, les offrit aux enfants, qui les saisirent directement, et les mangèrent avec plaisir. Par cette nourriture ils furent soutenus durant de nombreux mois, jusqu'à ce qu'ils apprennent l'utilisation du pain.

    A la longue, par degrés, ils changèrent leur couleur d'origine, à travers l'effet naturel de notre nourriture, et devinrent comme nous, et aussi apprirent notre langue. Il semblait convenir à certaines personnes discrètes qu'ils devraient recevoir le sacrement du baptême, qui fût administré en conséquence. Le garçon, qui semblait être le plus jeune, survécu au baptême mais peu de temps, et mourut prématurément ; sa soeur, cependant, poursuivit en bonne santé, et ne différait pas le moins du monde des femmes de notre propre pays. Par la suite, raconte-t-on, elle se maria à Lynne (ou Lenna), et vécu à partir de là quelques années, au moins, dit-on.

    De plus, après qu'ils eurent acquis notre langue, lorsqu'on leur demanda qui et d'où ils étaient, on dit qu'il répondirent, 'Nous sommes des habitants du pays de Saint Martin, qui est considéré avec une vénération particulière dans le pays qui nous a donné naissance'. 
    Etant interrogés plus avant quant à l'endroit où se trouvait ce pays, et comment ils vinrent de là jusqu'ici, ils répondirent, 'Nous sommes ignorants de ces deux circonstances ; nous ne nous souvenons que de ceci, qu'un certain jour, lorsque nous nourrissions les volailles de notre père dans les champs, nous entendîrent un grand son, comme celui auquel nous sommes aujourd'hui habitués d'entendre à Saint Edmund, lorsque les cloches sonnent, et tout en écoutant le son en admiration, nous entrâmes dans une soudaine, comme ils le dirent, transe, et nous retrouvâmes parmi vous dans les champs où vous étiez en train de récolter. 

    Interrogés sur le fait que les gens de ce pays croyaient au Christ, ou si le Soleil s'y levait, ils répondirent que le pays était chrétien, et possédait des églises ; mais dirent-ils, "'Le Soleil ne se lève pas sur les gens de notre pays ; notre pays est peu chéri par ses rayons ; nous nous contentons de cette pénombre qui, chez vous, précède le lever du Soleil, ou suit son coucher. De plus, un certain pays lumineux est vu, pas très loin du nôtre, séparé de lui par une rivière très considérable. 

    Ceci, et bien d'autres choses, trop nombreuses à énumérer, sont dites avoir été racontées aux investigateurs curieux. Laissons dire à chacun ce qu'il veut, et raisonner sur de tels sujets selon ces capacités ; je ne regrette pas d'avoir répertorié un événement si prodigieux et miraculeux." 


    Un autre texte, écrit par Ralph (Radulphi) de Coggeshall dans «Chronicon Anglicanum» (réimprimé en 1857) donne cette autre version :

    "Une autre chose merveilleuse, arrivée dans le Suffolk, à Sainte Marie des Wolf-pits. Un garçon et sa soeur furent trouvés par les habitants de ce lieu près de la bouche d'un trou qui se trouve là, qui avaient la forme de tous leurs membres comme ceux d'autres hommes, mais ils différaient par la couleur de leur peau de tous les gens de notre monde habitable ; car toute la surface de leur peau était teintée d'une couleur verte. 

    Personne ne pouvait comprendre leur discours. Lorsqu'ils furent amenés comme curiosités à la maison d'un certain chevalier, Sir Richard de Calne, à Wikes, ils pleurèrent amèrement. Du pain et d'autres victuailles furent disposés devant eux, mais ils ne touchaient à aucun d'entre eux, bien que tourmentés par une grande faim, comme le reconnu par le suite la fille. Finalement, lorsque de grands haricots fraîchement coupés, avec leurs tiges, furent apportés à la demeure, ils firent signe, avec grande avidité, qu'ils devraient leur être donnés. Lorsqu'ils furent apportés, ils ouvrirent les tiges au lieu des cosses, pensant que les haricots étaient à l'intérieur ; mais ne les trouvant pas là, ils commencèrent à pleurer de nouveau. Lorsque ceux qui étaient présents virent cela, ils ouvrirent les cosses et leur montrèrent les haricots nus. Ils mangèrent ceux-ci avec grand délice, et pendant une longue période ne goûtèrent aucune autre nourriture. 

    Le garçon, cependant, était toujours languissant et déprimé, et il mourut en peu de temps. Le fille jouissait d'une bonne santé ; et s’accoutumant à divers types de nourriture, perdit complètement sa couleur verte, et récupéra progressivement l'habitude sanguine de tout son corps. Elle fut par la suite régénérée par l'application du saint baptême, et vécu de nombreuses années au service de ce chevalier (ou soldat) comme je l'ai souvent entendu de lui et de sa famille, et était plutôt dissolue et dévergondée dans sa conduite. 

    Etant fréquemment questionnée sur les gens de son pays, elle affirma que les habitants, et tout ce qu'ils avaient de ce pays, étaient d'une couleur verte ; et qu'ils ne voyaient pas de Soleil, mais jouissaient d'un degré de lumière comme ce qui est après le coucher du Soleil. Interrogée sur la manière dont elle arriva dans ce pays avec le garçon susmentionné, elle répondit que alors qu'ils suivaient leurs volailles, ils arrivèrent à une certaines caverne, dans laquelle en entrant ils entendirent un délicieux son de cloches ; ravis par leur douceur, ils partirent un long moment errer à travers la caverne, jusqu'à ce qu'ils arrivent à sa sortie. Lorsqu'ils en sortirent, ils furent saisis par la lumière excessive du Soleil, et la température inhabituelle de l'air ; et reposèrent ainsi un long moment. Terrifiés par le bruit de ceux qui arrivèrent sur eux, ils voulurent s'enfuir, mais ne purent trouver l'entrée de la caverne avant d'être attrapés." 

    (Chronicon Anglicarum, tel que cité par Picart dans ses notes sur William of Newbridge)

    .L'original n'a pu être trouvé dans la Collection of Histories, etc., de Martens et Durand, -- le seul endroit où les travaux du chroniqueurs sont censés avoir été imprimés.

    Un texte de Gervase de Tilbury ( 1152 à 1220) donne une autre version (source non retrouvée) :

    ".. Nous sommes des gens de la terre de St Martin ; qui est notre saint principal. Nous ne savons pas où cette terre se situe, et nous nous souvenons seulement qu'un jour nous alimentions les gens de notre père, dans son domaine, quand nous avons entendu un grand bruit semblable à des cloches, comme quand, à la St Edmunds, elles carillonnent toutes ensembles. Et soudain nous avons été pris dans l'esprit et nous nous sommes retrouvés dans votre champ. Chez nous il n'y a aucun coucher de soleil, ni de lever, mais seulement un crépuscule. Cependant il y a une terre de lumière à voir pas loin de chez nous, mais elle est séparée de nous par un fleuve de grande largeur..."


    Mais rien ne prouve que ces textes anglais soient authentiques. En effet ils citent des haricots (bean), hors ce légume est originaire d’Amérique Centrale, et il n'a fait son apparition en France que vers 1540. De plus à cette époque il s’agit du haricot consommé sec et non du haricot vert. Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que les tendres gousses seront consommées en Europe.

    Étrangement, dans le livre alchimique "Atalanta fugiens" (Atalante fugitive) écrit par Michael Maier en 1617, on trouve un passage ressemblant étrangement à cette histoire :

    "... Cette pierre, en effet, l’emporte de loin en puissance sur l’or en face de n’importe quel venin d’animal, et on l’insère d’ordinaire dans l’or, comme dans une boîte ou une enveloppe, de peur qu’il ne se gâte ou ne se perde. Mais il faut que cette pierre soit légitime quand on la demande à l’animal ; si, par contre, on l’extrait des fosses souterraines, comme c’est l’usage, qu’on la travaille pour lui donner la forme de la précédente et qu’on lui fasse tenir sa place, elle doit être choisie à partir des meilleurs minéraux, ceux qui soulagent le cœur. C’est en eux, en effet, que l’on trouve véritablement le crapaud philosophique, non dans une carrière (comme le prétend cet inventeur de fables) et il possède l’or en lui, non au-dehors pour en faire étalage. Dans quel but, en effet, s’ornerait un crapaud caché et enfermé dans les ténèbres ? Serait-ce par hasard pour recevoir le salut magnifique du scarabée si, au crépuscule, il se portait à sa rencontre ? Quel orfèvre souterrain lui aurait fabriqué une chaîne d’or ? Serait-ce par hasard le père des enfants verdoyants qui sortirent de la terre de saint Martin disons, de la terre elle-même, comme aussi, selon le même auteur, deux chiens sortirent d’une carrière ?"

    Apparemment, c'est cet écrit alchimique qui est à l'origine du mythe des enfants verts.
    Il s'agit juste d'un texte symbolique qui ne raconte aucunement un fait réel. Et on peut penser que ceux qui s'en sont inspiré le savaient très bien.

    Quand à comprendre ce que veut expliquer ce charabia alchimique, c'est un autre problème !

    (source : atil.ovh)



    Les enfants verts de Woolpit
     
    Une vue d'artiste des enfants sortant de la grotte, inexacte cependant, puisqu'ils auraient porté des vêtements semblables à des robes  
    Un beau jour de 1173, à 4 ou 5 miles de Bury Saint Edmunds, près du village de Woolpit, des paysans se rassemblent dans un champ de maïs pour faire la moisson, quand ils remarquent, sortant des fossés caractéristiques de cet endroit 2 enfants à l'apparence étrange : ils sont vêtus de sortes de robes inconnues du coin, et surtout ont la peau verdâtre. Voyant les paysans s'approcher, et visiblement appeurés, ils tentent de s'enfuir, mais sont rattrapés.

    Le village de Woolpit  
    On les emmêne au village comme une attraction, puis devant à Wikes, à la demeure d'un chevalier, Sir Richard de Calne. Plusieurs victuailles leur sont présentées, mais ils ne mangent rien... jusqu'à ce qu'on leur montre des tiges de haricots. Ils ouvrent les tiges, ne trouvant rien, et pleurent. On leur montre comment ouvrir les cosses, et ils se décident enfin à manger les haricots qui s'y trouvent.

    Le garçon, visiblement trop malade, meurt cependant assez rapidement. La fille finit par être engagée au service de De Calne, et même par se marier 4 ans plus tard avec un homme du village voisin, un des ambassadeurs de Henri 2, sous le nom d'Agnes Barre. Elle a 13 enfants.

    Le pays de Saint Martin
    Une variation courante de l'histoire indique que depuis le pays d'origine des enfants pouvait être vu au loin un pays lumineux, séparé par un grand plan d'eau. En fait la fille aurait décrit son pays comme Non loin d'ici [Woolpit], mais coupé de nous par une grande rivière de lumière. Ce pays, les enfants l'auraient appelé Pays de Saint Martin ou simplement Saint Martin, et que les gens de ce pays étaient tous des chrétiens adorant des églises.

    Récits Newburgh (1200)
    En l'an 1200, William de Newburgh 1 entreprent de répertorier les divers événements qui eurent lieu sous le rêgne du Roi Stephen, de 1135 à 1154. William n'était pas du genre fantaisiste, et réputé pour ne pas embellir les événements, de sorte que nombre d'historiens aujourd'hui sont intrigués par le récit suivant du moine, relatant un événement étrange qui aurait eu lieu dans la ville du Suffolk de Woolpit, qui se trouve près de Bury Saint Edmonds :

    Je me dois ici de n'omettre une merveille, un prodige dont on n'a entendu parler depuis l'aube des temps, qui est connu pour s'être passé sous le Roi Stephen. J'ai moi-même longtemps hésité à lui accorder crédit, bien qu'il ait été ébruité à l'étranger par beaucoup de gens, et je pensais qu'il était ridicule d'accept une chose qui n'avait aucune raison d'être recommandée, ou au mieux avait des raisons d'être très obscure, jusqu'à ce que je fus tant submergé par le poids de tant de témoins crédibles que je fus obligé de croire et d'admirer ce que mon esprit tâche vainement d'atteindre ou de suivre.

    Il y a un village en Angleterre à quelques 4 ou 5 miles du noble monastère du Roi Béni et du Martyre Edmund, près duquel pourraient être vues certaines tranchées d'antiquité immemoriale nommées Wolfpittes dans la langue anglaise, et qui ont donné leur nom à la ville adjacente. Lors d'une moisson, alors que les moisonneurs se rassemblaient dans le maïs, rampèrent hors de ces 2 tranchées un garçon et une fille verts en tous points de leur corps, et dotés de vêtements 2 de teinte étrange et de texture inconnue. Ceux-ci errèrent éperdumment aux alentours du champ, jusqu'à ce que les moisonneurs les prennent et les emmènent au village, où nombre affluèrent pour voir cette merveille, ils furent gardés pendant des jours sans nourriture. Mais, lorsqu'ils furent presque morts de faim, et ne pouvaient toujours pas goûter aucune espèces qui leur étaient offertes pour les soutenir, il arriva que des haricots furent apportées du champ, qu'ils saisirent immédiatement avec avidité, et examinèrent la tige for the pulse, mais ne trouvant rien dans le creux de la tige, ils pleurèrent amèrement. Sur ce, un des spectateurs, prenant les fèves dans les cosses, les offrit aux enfants, qui les saisirent directement, et les mangèrent avec plaisir. Par cette nourriture ils furent soutenus durant de nombreux mois, jusqu'à ce qu'ils apprennent l'utilisation du pain.

    A la longue, par degrés, ils changèrent leur couleur d'origine, à travers l'effet naturel de notre nourriture, et devinrent comme nous, et aussi apprirent notre langue. Il semblait convenir à certaines personnes discrètes qu'ils devraient recevoir le sacrement du baptême, qui fût administré en conséquence. Le garçon, qui semblait être le plus jeune, survécu au baptême mais peu de temps, et mourrut prématurément ; sa soeur, cependant, poursuivit en bonne santé, et ne différait pas le moins du monde des femmes de notre propre pays. Par la suite, raconte-t-on, elle se marria à Lynne, et vécu à partir de là quelques années, au moins, dit-on.

    De plus, après qu'ils eurent acquis notre langue, lorsqu'on leur demanda qui et d'où ils étaient, on dit qu'il répondirent, "Nous sommes des habitants du pays de Saint Martin, qui est considéré avec une vénération particulière dans le pays qui nous a donné naissance". Etant interrogés plus avant quant à l'endroit où se trouvait ce pays, et comment ils vinrent de là jusqu'ici, ils répondirent, "Nous sommes ignorants de ces deux circonstances ; nous ne nous souvenons que de ceci, qu'un certain jour, lorsque nous nourrissions les volailles de notre père dans les champs, nous entendîment un grand son, comme celui auquel nous sommes aujourd'hui habitués d'entendre à Saint Edmund, lorsque les cloches sonnent ; et tout en écoutant le son en admiration, nous entrâmes dans une soudaine, comme ils le dirent, transe, et nous retrouvâmes parmi vous dans les champs où vous étiez en train de récolter". Interrogés sur le fait que les gens de ce pays croyaient au Christ, ou si le Soleil s'y levait, ils répondirent que le pays était chrétien, et possédait des églises ; mais dirent-ils, "Le Soleil ne se lève pas sur les gens de notre pays ; notre pays est peu chéri par ses rayons ; nous nous contentons de cette pénombre qui, chez vous, précède le lever du Soleil, ou suit son coucher. De plus, un certain pays lumineux est vu, pas très loin du nôtre, séparé de lui par une rivière très considerable". Ceci, et bien d'autres choses, trop nombreuses à énumérer, sont dites avoir été racontées aux investigateurs curieux. Laissons dire à chacun ce qu'il veut, et raisonner sur de tels sujets selon ces capacités ; je ne regrette pas d'avoir répertorié un événement si prodigieux et miraculeux.

    Coggeshall
    Si William de Newburgh avait été le seul rapporteur de cet incident, il aurait été interprété comme un conte de fées hors normes écrit par un moine ayant peut-être imbibé trop d'hydromel, mais l'Abbott Ralph de Coggeshall - un autre scribe monastique contemporain de William vivant juste à 30 miles au sud de Woolpit dans l'Essex, répertoria aussi l'appearition des enfants verts. D'eux, il écrivit :

    Une autre chose merveilleuse, arrivée dans le Suffolk, à Sainte Marie des Wolf-pits. Un garçon et sa soeur furent trouvés par les habitants de ce lieu près de la bouche d'un trou qui se trouve là, qui avaient la forme de tous leurs membres comme ceux d'autres hommes, mais ils différaient par la couleur de leur peau de tous les gens de notre monde habitable ; car toute la surface de leur peau était teintée d'une couleur verte.

    Personne ne pouvait comprendre leur discours. Lorsqu'ils furent amenés comme curiosités à la maison d'un certain chevalier, Sir Richard de Calne, à Wikes, ils pleurèrent amèrement. Du pain et d'autres victuailles furent disposés devant eux, mais ils ne touchaient à aucun d'entre eux, bien que tourmentés par une grande faim, comme le reconnu par le suite la fille.

    Finalement, lorsque de [grands] haricots fraîchement coupés, avec leurs tiges, furent apportés à la demeure, ils firent signe, avec grande avidité, qu'ils devraient leur être donnés. Lorsqu'ils furent apportés, ils ouvrirent les tiges au lieu des cosses, pensant que les haricots étaient à l'intérieur ; mais ne les trouvant pas là, ils commençèrent à pleurer de nouveau. Lorsque ceux qui étaient présents virent cela, ils ouvrirent les cosses et leur montrèrent les haricots nus.

    Ils mangèrent ceux-ci avec grand délice, et pendant une longue période ne goûtèrent aucune autre nourriture. Le garçon, cependant, était toujours languissant et déprimé, et il mourrut en peu de temps. Le fille jouissait d'une bonne santé ; et s'accoutûmant à divers types de nourriture, perdit complètement sa couleur verte, et récupéra progressivement l'habitude sanguine de tout son corps. Elle fut par la suite régénérée par l'application du saint baptême, et vécu de nombreuses années au service de ce chevalier (comme je l'ai souvent entendu de lui et de sa famille), et était plutôt dissolue et dévergondée dans sa conduite.

     Etant fréquemment questionnée sur les gens de son pays, elle affirma que les habitants, et tout ce qu'ils avaient de ce pays, étaient d'une couleur verte ; et qu'ils ne voyaient pas de Soleil, mais jouissaient d'un degré de lumière comme ce qui est après le coucher du Soleil.

    Interrogée sur la manière dont elle arriva dans ce pays avec le garçon susmentionné, elle répondit que alors qu'ils suivaient leurs volailles, ils arrivèrent à une certaines caverne, dans laquelle en entrant ils entendirent un délicieux son de cloches ; ravis par leur douceur, ils partirent un long moment errer à travers la caverne, jusqu'à ce qu'ils arrivent à sa sortie. Lorsqu'ils en sortirent, ils furent struck senseless par la lumière excessive du Soleil, et le température inhabituelle de l'air ; et reposèrent ainsi un long moment. Terrifiés par le bruit de ceux qui arrivèrent sur eux, ils voulurent s'enfuir, mais ne purent trouver l'entrée de la caverne avant d'être attrapés.

    Théories Peuple souterrain
    Les enfants verts de Woolpit Sainte Marie  
    La première idée qui vient à l'esprit lorsque l'on voit des gens d'apparence étrange sortir d'une grotte, c'est de penser qu'ils vivent sous terre. La couleur verte de leur peau serait alors le symptôme d'un manque de lumière (un lien jamais constaté cependant). Les enfants verts seraient alors une sorte de cousins des elfes et des fées dont ont disait aussi qu'ils avaient la peau verte. La prédilection des enfants pour les fèves aide encore plus à interpréter, surtout à cette époque, la nature véritablement mystérieuse des jeunes, les fèves étant décrites comme la nourriture des morts. On pensait aussi que les fantômes et autres esprits demeuraient dans les champs de haricots.

    Extraterrestres
    La deuxième idée d'explication immédiate est probablement celle d'extraterrestres. Leur peau verte, sorte de prémisse des petits hommes verts, leurs vêtements étranges et leur langue inconnue semblent être les caractéristiques d'une origine non humaine. A contrario, la constitution de ces enfants semble tout à fait normale et, de fait, la fille reprendra une pigmentation normale en s'alimentant comme les gens du coin. On comprendrait également mal dans un cadre extraterrestre les mentions tout à fait banales du "pays de Saint Martin" où les gens sont chrétiens et se rendent régulièrement à l'église, et où les enfants ont nourrit les poules avant d'entrer dans la grotte.

    On a tenté d'interpréter cosmiquement la mention de Saint Martin comme séparé d'un autre pays lumineux par une grande rivière (jusqu'à le déformer en disant que c'était la rivière qui était lumineuse), mais l'idée d'une ville éclairée derrière une rivière semble bien correspondre à cette description. Et, de fait, il existe des villages environnant du nom de Saint Martin, séparés d'autres par une rivière ou un estuaire.

    Empoisonnement
    L'histoire est toujours célébrée à Woolpit  
    Des gens du Suffolk pensent que l'histoire pourrait trouver son origine chez celle d'un comte médiéval de Norfolk qui était gardien de 2 jeunes enfants. Le comte essaya sans succès de les empoisonner à l'arsenic puis les abandonna dans le Bois de Wayland, dans la région de la Forêt de Thetford, à la frontière entre le Norfolk et le Suffolk. Là il devaient sans aucun doute mourrir, lui permettant ainsi de prendre contrôle du domaine dont ils devaient hériter lorsqu'ils attendraient l'âge adulte. Selon les gens de Woolpit, ils devinrent probablement les enfants verts qui furent trouvés par la suite, toujours vivants mais désorientés et malades.

    On sait que l'empoisonnement à l'arsenic peut faire virer la peau au vert et causer de anémie, résultat de malnutrition, dont les jeunes abandonnés devaient apparemment souffrir. Une origine relative au régime concernant leur peau verte expliquerait aussi pourquoi la complexion de la ville revint à une couleur normale après avoir commencé à consommer de la nourriture adaptée.

    Emigrants
    Mais comment expliquer la langue incompréhensible pour les gens de Woolpit ? Comme cela fut le cas pour d'autres enfants sauvages, les enfants verts de Woolpit auraient pu avoir été perdus ou abandonnés à la suite d'une période de guerre civile. L'est de l'Angleterre vivait une période d'immigration flammande au 12ème siècle, mais après que Henry 2 ait accédé au trône les immigrants furent l'objet d'une persécution, et nombre d'entre eux furent massacrés à une bataille en 1173. Il pourrait alors s'agir de la date de leur aventure.

    Etant flammands, la langue que parlaient et les vêtements que portaient les enfants auraient semblés étrangers aux villageois qui n'avaient jamais rencontré de personnes flammandes auparavant. Après que leurs parents aient été abattus, peut-être les enfants verts furent-ils perdus pendant une période dans la forêt, et errèrent-ils dans les souterrains de cette région, pour émerger près de Woolpit.

    Mais qu'est-donc le "pays de Saint Martin" ? En cherchant un peu, trouve à une vintaine de km au sud-ouest de Woolpit, toujours dans le Suffolk, plusieurs village portant ce nom, comme Tuddenham Saint Martin mais aussi et surtout Trimley Saint Martin, bordé des grands plans d'eau que sont les estuaires du Suffolk (Deben, Bawdsey). On y trouve l'église Saint Martin, établie par des immigrants... danois.

    La couleur verte resterait toutefois assez énigmatique. On connait des cas chez l'enfant comme l'adulte où elle a été constatée, consécutive à une désordre de la glande endocrine ou d'un type secondaire d'anémie. En fait la chlorosis, symptomatique d'un manque de fer, donnant une teinte vert-jaune, était connue à l'époque. On l'appelait "maladie verte" ou "maladie des vierges" car elle touchais plutôt les jeunes filles. Une telle maladie chez les 2 enfants à la fois peut paraître improbable, mais il serait après tout plus surprenant qu'ils n'aient pas souffert des mêmes carences alimentaires, si carences il y eut.

    Par la suite cette histoire inspirera une histoire identique mais près de Banjos (Espagne), en août 1887, où il est indiqué que la fille mourut en 1892.

    (source : rr0.org/)


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      James 3 original drawing 1      James 3 drawing 4      James 3 Drawing 2 for Dad 

     

     James Huston      With Jack Larson, the pilot James remembered      With Anne Barron, sister of Huston

     

     

     

     

     

    L'incroyable histoire de James Leininger, l'enfant réincarné


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    Erik Pigani « Avion en feu ! Avion en feu ! » Les hurlements du petit James réveillent ses parents, une fois de plus. Bruce et Andrea commencent à regretter d’être allés visiter ce musée de la Seconde Guerre mondiale avec leur bébé âgé d’à peine 2 ans. Certes, il faisait déjà des cauchemars, comme cela arrive chez les enfants, mais, depuis que son langage s’élabore, ses rêves portent des mots terrifiants : « Avion en feu ! » ; « L’avion s’écrase ! » ; « Le petit homme ne peut pas sortir ! »

    La famille Leininger mène pourtant une vie tranquille à Lafayette, petite ville du sud de la Louisiane, et les parents ne s’expliquent pas ces cris, cette façon qu’a leur fils de se débattre dans son lit comme s’il voulait s’extraire d’une bulle invisible et oppressante. Tout comme ils ne comprennent pas son brusque intérêt pour les avions. Une véritable obsession qu’ils préfèrent accompagner plutôt que brider. Bien que les cauchemars soient de plus en plus fréquents et violents au fil des mois. Avec toujours les mêmes mots, la même attitude.

    Leur médecin est perplexe. Les cauchemars et terreurs nocturnes sont normaux chez les enfants, surtout à partir de 4 ans, car ils font partie de leur évolution et leur permettent de mieux canaliser angoisses et pulsions. Mais James a commencé très tôt, et le contenu de ses rêves est terriblement répétitif. Il leur conseille de ne pas paniquer et, en cas de crise, de le prendre dans leurs bras, de lui parler doucement pour le rassurer et de lui faire décrire les images de ses rêves, voire de les lui faire dessiner. Pour le médecin, il est possible que la « visite au musée, dans cet immense hangar rempli d’avions, ait déclenché ses terreurs nocturnes, même s’il n’a pu y voir aucune image violente et aucune projection de film de guerre. D’ailleurs, quelle autre cause ? Hormis la violence de ces épisodes nocturnes, James mène la vie d’un petit garçon épanoui et équilibré. Andrea remarque toutefois que son fils a des réflexions et un comportement étonnants pour un enfant de son âge.

    Un jour, devant un magasin de jouets, elle lui fait remarquer qu’un avion porte une bombe attachée sous la carlingue. « Ce n’est pas une bombe, c’est un réservoir secondaire », rétorque- t-il avec aplomb. Un autre jour, dans un aéroport, James se met à inspecter un avion avec la même attitude, les mêmes gestes et aux mêmes endroits qu’un pilote professionnel. « Superdoué, mon fils ! » s’exclame Bruce avec la fierté d’un père. Andrea trouve quand même ce « don » très curieux. D’où tient-il tout cela ?

     
    Le problème prend une tournure plus étrange lors d’une nuit où la crise de panique de James se révèle alarmante. Dans les bras de ses parents, l’enfant se calme lorsque sa mère, suivant les conseils du médecin, lui demande : « Qui est le petit homme qui ne peut pas sortir ? » James s’écrie : « Moi ! » « Et qu’est-il arrivé à ton avion ? » « Il s’est écrasé en feu. » « Et pourquoi s’est-il écrasé ? » « J’ai été abattu. » « Ah bon ? reprend Bruce. Qui t’a abattu ? » L’enfant prend un air interloqué et répond comme une évidence « les Japonais ! », tout en donnant une description assez détaillée des avions de chasse nippons des années 1940.

    Qu’arrive-t-il à James ? Sa grand-mère maternelle est la première à oser une réponse : il s’agit peut-être d’un problème de réincarnation. Andrea n’y croit pas. Bruce non plus. Il se met en colère : dans une famille chrétienne, il n’y a pas de place pour cette « pure superstition ». L’idée même des vies antérieures est une injure à l’intelligence, ajoute-t-il. Pour ce responsable des relations humaines dans une compagnie pétrolière, il doit forcément y avoir une explication rationnelle. En bon sceptique autant que bon père, il va s’atteler à la trouver. En commençant par poser des questions plus précises à son fils. « Te souviens-tu du type d’avion que le petit homme pilotait ? » « Un Corsair », répond James sans hésiter. « Te souviens-tu de l’endroit d’où l’avion a décollé ? » « D’un bateau, le Natoma. » Curieux mot dans la bouche d’un enfant si jeune. Bruce vérifie : un porte-avions américain, l’USS Natoma Bay, transportait des Corsair pendant la guerre.Les détails racontés sont exacts , Intrigué par l’exactitude de ces détails, il poursuit le dialogue avec son fils.

    À chaque réponse, une vérification. Bruce se lance dans un travail d’enquêteur, allant jusqu’à assister à une réunion des vétérans de l’USS Natoma Bay, sous prétexte d’écrire un livre. Il découvre que les détails racontés par James sont exacts. Depuis le lieu de la dernière bataille, en 1945, reconnu sur une photo par le garçon, jusqu’aux éléments techniques des vols, en passant par les surnoms des avions de guerre. Andrea est désormais convaincue que leur fils est la réincarnation d’un pilote de chasse. Bruce, toujours pas : il cherche la preuve ultime qui, à défaut d’expliquer ce qui arrive à James, lui permettra de démontrer que la réincarnation n’existe pas. « Connais-tu le nom d’un camarade du petit homme ? » lui demande-t-il. « Jack Larsen », répond l’enfant. Ce jour-là, il dessine un avion en flammes, et signe sa feuille « James 3 »…

     Voilà la preuve : Jack Larsen n’existe pas. Et même si un pilote de chasse portait ce nom, il confirmerait que tout ce que raconte James n’est que le produit de son imagination. C’est le contraire qui se produit : Bruce retrouve la trace de Jack Larsen et part le rencontrer avec une liste de questions. Le vétéran confirme tout. Le monde s’effondre sous les pieds du jeune père. Il ne parvient pas à s’imaginer son enfant abritant l’âme d’un pilote de chasse mort pendant la guerre. Bouleversée, Andrea reprend les choses en main et contacte Carol Bowman, une psychothérapeute célèbre aux États-Unis pour son bestseller sur la réincarnation chez les enfants (Children's Past Lives, How Past Life Memories Affect Your Child, Bantam Books, 1998), qui travaille dans la lignée de celui qui fut le spécialiste international des « enfants réincarnés », Ian Stevenson.

    Comme son prédécesseur, elle a enquêté sur des dizaines de cas et travaille surtout avec des enfants perturbés par des souvenirs de vies antérieures. La thérapeute explique à Bruce et à Andrea que leur fils n’est pas un cas isolé et que ce phénomène se produit essentiellement après des morts violentes. L’âme, en se réincarnant, précise-t-elle, est si imprégnée du traumatisme qu’elle ne peut l’« oublier » lors du passage dans l’au-delà. La psychothérapeute leur conseille de rassurer leur enfant en parlant affectueusement au pilote qui survit en lui et, surtout, en lui demandant de raconter ses rêves comme s’il s’agissait de souvenirs, et non d’images oniriques. Les cauchemars devraient diminuer. Et, en effet, les réveils en pleurs sont plus rares. Jusqu’au jour où Bruce découvre, dans la liste des pilotes abattus le 3 mars 1945, un nom : James Houston Junior, ou « James 2 ». Le petit garçon est donc logiquement « James 3 ».

    Nous sommes en 2004, James Leininger a 6 ans, et son histoire fait la une de la presse. Les Américains, médusés, découvrent, dans un documentaire diffusé en prime time sur la chaîne ABC, ce petit garçon plein de vie, expert en avions de chasse, qui se comporte tel un pilote chevronné. Avec un témoignage inattendu : celui d’Anne Baron, la soeur du pilote. La dame âgée a reçu la famille, s’est entretenue avec l’enfant et, les larmes aux yeux, déclare qu’il lui a raconté des choses qu’elle seule pouvait savoir… « Comment voulez-vous qu’après cela je ne croie pas en un monde spirituel ? » ajoute-t-elle.

    Un roman familial ? Les « Skepticals » (Committee for Skeptical Inquiry), membres d’une association luttant corps et âme contre le paranormal, réagissent en déclarant que les Leininger ont construit, plus ou moins consciemment, un « roman familial » pour se déculpabiliser des cauchemars liés à la visite d’un musée de la guerre et, par la même occasion, se valoriser. Réponse de Carol Bowman : il en va avec les souvenirs de vies antérieures comme avec ceux de la vie présente ; un événement, un lieu, un objet peuvent déclencher l’émergence d’images ou de sensations du passé. Chez les bouddhistes, le contact avec des objets familiers fait même partie du cérémonial qui permet de reconnaître les lamas réincarnés. Quant au « roman familial » construit autour de coïncidences, la psychothérapeute précise qu’il ne s’agit pas ici de deux ou trois mots exprimés par l’enfant au hasard, mais de près d’une centaine d’informations qui, après enquête, se sont révélées exactes.

     
    James, aujourd’hui 16 ans, mène la vie d’un adolescent équilibré, même s’il jouit d’une certaine célébrité depuis la parution du best-seller écrit par ses parents (Soul Survivor, the Reincarnation of a World War II Fighter Pilot, D'Andrea et Bruce Leininger) et la circulation « virale » sur Internet du documentaire d’ABC. Il ne fait plus de cauchemars depuis longtemps. Et plus aucun souvenir de vie antérieure ne lui revient. Tout s’est arrêté le jour où, avec sa famille, il est allé dire adieu au pilote de chasse en priant et en jetant une gerbe de fleurs à Iwo Jima, au large du Japon. À l’endroit même où l’avion de James Houston était tombé en flammes.

    La plus vieille croyance du monde . Dans les années 1990, un quart des Français croyaient déjà en la réincarnation. Depuis, ce chiffre aurait plus que doublé… Pourquoi cet intérêt soudain ? L’implantation, récente, du bouddhisme en Occident ? Certainement. Un besoin de retrouver du sens dans une société de plus en plus morcelée ? Probablement.

    Le concept de réincarnation est ancré dans l’inconscient collectif car il s’agit de l’une des plus anciennes croyances de l’histoire humaine : ses premières traces remontent à la préhistoire de l’hindouisme, il y a environ cinq mille ans. L’idée qu’une âme puisse se séparer d’un corps au moment de la mort pour vivre une existence nouvelle dans une autre enveloppe a fait son chemin au cours des millénaires.

     On en retrouve des éléments en Chine, en Égypte ancienne, chez les Grecs et les Romains de l’Antiquité ou dans le judaïsme. Bien que ce concept revête différentes formes selon les civilisations, c’est la « version » du bouddhisme tibétain – avec la possibilité de se réincarner dans plusieurs corps à la fois – qui est désormais la plus connue en Occident, popularisée par le film Little Buddha de Bernardo Bertolucci (1993). Il met en scène les rituels permettant aux moines de reconnaître l’enfant dans lequel un grand lama se réincarne. Ainsi, en 1936, trois ans après la mort du treizième dalaï-lama, un groupe de moines s’est rendu dans une province perdue du Tibet sur les indications fournies par les augures. Ils y ont rencontré un garçon de 2 ans qui les a immédiatement reconnus et s’est mis à parler leur langue alors que, dans le village, personne ne l’utilisait. Ils l’ont soumis à une cérémonie qui consiste à distinguer des objets – rosaire, tambourin, cloche… – ayant appartenu au précédent dalaï-lama, mélangés avec d’autres objets identiques. Après avoir réussi ce test avec succès, le petit Tenzin Gyatso a été reconnu comme le quatorzième dalaï-lama.

     
    En Occident, Ian Stevenson, professeur de psychiatrie à l’université de Virginie, spécialiste international de la réincarnation, notamment des « enfants réincarnés », avait recensé quatorze mille cas plus curieux les uns que les autres. Puis publié des rapports d’enquête sur quelques centaines d’entre eux, dont nombre d’enfants occidentaux. « Certains sont stupéfiants, décrivait-il. Je pense par exemple à un petit garçon de 4 ans qui habitait dans un village près de Beyrouth. Il avait réussi à donner, entre autres, le nom de sa famille précédente, une liste de soixante-dix détails exacts la concernant et les derniers mots du défunt ! » Preuve de la réincarnation ? « Pas forcément, avait répondu Stevenson. Pour moi, même un cas aussi fort n’est pas parfait. C’est pourquoi je préfère dire que mon travail suggère l’existence des vies antérieures plutôt qu’il ne le prouve. »

    Si la science ne peut pas prouver la réalité de la réincarnation, la psychologie transpersonnelle l’intègre de façon naturelle à sa vision de la psyché humaine, et certaines techniques thérapeutiques sont même fondées sur le pouvoir guérisseur des « régressions » dans les vies antérieures. Aux États-Unis, la « karmathérapie » est passée au troisième rang des thérapies alternatives, après les traitements antitabac et les cures d’amaigrissement…

     

     

     


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